La Conservation de la masse (titre provisoire) – Inbal Ben Haim
Création 2025 #Cirque #ArtsVisuels
La Conservation de la Masse explore les cycles de création et destruction au cœur de notre époque. Entre performance circassienne et poésie visuelle, le spectacle tisse fils et corps dans un espace mouvant, où la beauté fragile cède place au chaos, puis à la reconstruction. Face à la désintégration spectaculaire, une question émerge : comment réinventer ensemble ? Dans un jeu de tricotage et détricotage, cette œuvre invite à suspendre le temps, partager le vide et recréer un lien collectif, rappelant que rien ne se perd, tout se transforme.
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Biographie
Née à Jérusalem, Inbal Ben Haim développe un double parcours dans les arts visuels et l’art du mouvement. Elle découvre le cirque aérien à l’âge de 13 ans au Free Dome Project, puis au Cirque Shabazy, où elle appréhende un espace d’expression corporelle qui la touche profondément.
Après son service civil en Israël, où elle développe une pédagogie de cirque adaptée aux jeunes en difficulté, Inbal Ben Haim s’installe en France en 2013. Ici, elle approfondit sa recherche et son langage au sein d’écoles de cirque (Piste d’Azur, Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne) et à travers des rencontres artistiques importantes comme la compagnie Archaos, Cie Lunatic, Mathurin Bolze et autres.
En 2018, elle co-crée le spectacle RACINE(S) avec l’Attraction Compagnie. Sa deuxième création, PLI, avec Domitille Martin et Alexis Mérat, est lauréate du Circusnext 2020-2021 et accompagnée par les Subs en production déléguée. Entre 2022 et 2024, PLI rencontrera un grand succès avec 65 représentations en France et à l’international. Inbal Ben Haim est artiste associée au CCN2 de Grenoble de 2020 à 2022, et devient artiste associée à Circusnext en 2024.
Elle fait partie du collectif Maison Courbe.
Spécialisée dans la corde verticale, Inbal Ben Haim tisse un rapport unique entre corps et matière, en cherchant toujours une poésie visuelle. Son langage artistique se situe au croisement du cirque et des arts visuels, entre l’intime et le spectaculaire, l’ici et l’ailleurs.
Entretien avec Inbal Ben Haim
Depuis 2021, tu es très occupée par la tournée, en France et à l’étranger, de ton spectacle Pli. Comment la perspective d’un nouveau projet s’est-elle concrétisée ?
C’est le désir de reprendre une recherche laissée longtemps en suspens qui est le point de départ de cette nouvelle création. Ils’agit d’un travail initié il y a plusieurs années quand j’étais encore au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. J’explorais alors de multiples associations de matière et des combinaisons de lignes entre mon agrès – la corde lisse – et des fils de coton tendus dans l’espace. J’ai repris ce travail autour du lien et de la séparation, forte de l’expérience nouvelle acquise avec Pli, notamment la dialectique entre construction et déconstruction qui est à l’œuvre dans l’usage que j’ai fait d’un matériau comme le papier. Mais les premiers jours que j’ai passés seule en studio en novembre 2023 m’ont confrontée à l’épreuve du réel. La guerre Israël-Hamas déclenchée quelques semaines plutôt dans mon pays d’origine a profondément ébranlé mes certitudes. Au-delà de la tristesse et du désespoir de la violence qui se propage sur cette terre, j’en suis venue à remettre en cause le sens et la nécessité de se livrer à des activités artistiques dans un tel contexte. Quelle pouvait être ma place d’artiste parmi toutes les destructions tragiques dont est fait le monde ? Pour ne pas céder au renoncement, je me suis accrochée à cette promesse de reconstruction qui suit la destruction. Comme un écho à la fameuse formule de Lavoisier, je me suis mise à percevoir les choses en termes de transformation plus que de création et de perte. La perspective de rassembler du public pour accomplir ensemble un acte de transformation, aussi symbolique soit-il, m’a redonnée l’élan artistique dont j’avais besoin.
D’où ton intention de faire participer le public.
Réunir des individus différents le temps d’un spectacle est en soi un acte politique. Faire groupe autour d’une action commune et faire advenir des liens entre des gens qui ne se connaissent pas peut redéfinir notre relation à autrui. Déconstruire et reconstruire quelque chose ensemble m’apparaît d’une certaine manière salutaire et poétique. L’enjeu est de proposer des situations et des mécanismes en interaction avec ma démarche artistique. Les ressorts de la participation reposent sur un émerveillement quasi-enfantin face à la matière, sa puissance esthétique, ses propriétés ludiques, ses ressources cinétiques. J’ai été très influencée par la façon dont l’artiste japonaise Chiharu Shiota utilise les fils tissés pour métamorphoser des espaces. Elle combine performances, art corporel et installations dans un processus qui implique les spectateurs, à la fois physiquement et spirituellement. Il y a une sensation de temporalité, d’énergie, de mémoire et de rêve que je cherche moi aussi à mobiliser. Ma structure et l’entrelacs de fils qui la compose s’offrent au public comme un chaos ordonné qu’il va falloir mettre en mouvement et déconstruire.
La beauté de cette sculpture de fils est d’autant plus saisissante qu’elle provoque des correspondances surréalistes avec le monde animal (toile d’araignée), végétal (rhizomes souterrains), cérébral (connexions synaptiques) voire cosmique (constellations).
C’est précisément ce qui donne envie de jouer avec elle. Sa présence très graphique, de l’ordre de l’animation en trois dimensions, peut être vue de mille façons différentes en fonction des variations lumineuses, de la place qu’on occupe dans l’espace et des imaginaires qu’on y projette. A la fois organique et virtuelle, abstraite et figurative, tactile et hypnotique, elle représente pour la circassienne que je suis un appel à la suspension, à la contorsion, à la transfiguration. Mais pour cela j’ai besoin du public. Une relation d’interdépendance métaphorique et concrète sous-tend ce quis e joue entre la scénographie, le public et moi.C’est une machine à tisser des liens avec les gens en sollicitant tous leurs sens, notamment le toucher. Nous nous livrons à une opération de détricotage dont la progression repose sur un enchainement de causes à effets qui défient toutes les attentes. Fragilité, stabilité, force, déséquilibre, imprévisibilité, disparition… nous sommes emportés par des forces soumises à l’aléatoire, au fortuit. Ainsi va le cours des choses jusqu’au moment où l’on se retrouve face à un vide. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
On sait depuis Aristote que « la nature a horreur du vide ».
La nature ou plutôt la nature humaine ! Nous avons en effet toujours manifesté un vertige instinctif face à la notion de vide. Nos repères spatio-temporels sont troublés. Le vide – si toutefois il existe vraiment – s’oppose à la vie. Il y a pourtant une forme de plénitude à chercher dans le vide ou à partir du vide. L’univers ne serait-il pas en effet né d’un vide rempli d’énergie. C’est cette énergie qui a généré toute la matière qui remplit l’espace. Puisque nous-mêmes sommes faits de poussières d’étoiles, nous pouvons dire que nous sommes issus du vide. La poétesse polonaise Wislawa Szymborska a écrit de merveilleux textes sur ce vide originel en lien avec la fin et le commencement de toutechose. « La fin et le commencement » est d’ailleurs le titre d’un de ces poèmes où elle décrit les actions simples qu’il faut accomplir quand un monde est détruit. Il faut savoir magnifier les situations dissonantes, préférer les discordances aux fausses harmonies.
Calendrier de création
Du 4 au 9 mars 2024 : LES SUBS, Lyon
De juin à septembre : 7 RDV exploratoires et performatifs : LES SUBS, Lyon
Du 25 Octobre au 2 novembre 2024 : LE PLONGEOIR, PNC Le Mans
Du 18 au 28 Novembre 2024 : LES SUBS, Lyon en partenariat avec CIRCUSNEXT
Du 10 au 15 février 2025 : LE THÉÂTRE D’ARLES
Du 17 au 28 février 2025 : LE THÉÂTRE DE RUNGIS
Du 12 au 24 mai 2025 : LES UTOPISTES, Lyon
Du 7 au 18 juillet 2025 : LES SUBS, Lyon
Du 3 au 15 Novembre 2025 : LA BRÈCHE, PÔLE NATIONAL CIRQUE NORMANDIE
Distribution & mentions
AUTRICE, CIRCASSIENNE ET CONCEPTION SCENOGRAPHIE : Inbal Ben Haim
DRAMATURGE : Samuel Vittoz
RÉGISSEUR GÉNÉRAL : Théo Vacheron
REGARD EXTÉRIEUR CHORÉGRAPHIQUE : Kitt Johnson
CRÉATION SONORE : Nova Materia
CRÉATION LUMIÈRE : Louise Rostan
ASSISTANTES ARTISTIQUES : Hristina Sormaz
CRÉDITS PHOTOS : Les Flous Furieux, Inbal Ben Haim
PRODUCTION DÉLÉGUÉE : LES SUBS, Lyon
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du
programme Transforme
CO-PRODUCTION : Les SUBS, circusnext avec le soutien de la Fondation de France, Le Théâtre de Rungis, UTOPISTES – Cité Internationale Des Arts du Cirque, Le Théâtre d’Arles, Le Plongeoir – Cité du Cirque, Pôle national Crique Le Mans Sarthe Pays de la Loire, Théâtre de Nîmes, Scène Conventionnée d’intérêt national – art et création – Danse Contemporaine, La Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie
AVEC LE SOUTIEN DE : ARTCENA – Ecrire pour le cirque