Laboratoire international
de création artistique - Lyon
Théâtre / Danse /
Cirque / Musique
Laboratoire international
de création artistique – Lyon
Du 5 au 10 décembre 2016
Accueil-studio
Alexandre Roccoli est accueillie aux Subsistances en Accueil-studio pour son projet Weaver.
Depuis plusieurs années, Alexandre Roccoli développe une recherche plastique et chorégraphique sur des gestes artisanaux anciens, déjà perdus ou résistants à l’oubli. A travers les créations Empty picture (2013), Longing (2014), Weaver Raver (2015) et différents ateliers, le chorégraphe a ainsi réuni la matière d’une trame aussi visuelle que sonore sur le monde tisserand. Entre l’Italie, le Maroc et la France, Alexandre Roccoli a recueilli les témoignages de ceux qui perpétuent cette mémoire ouvrière, toujours plus menacée par l’automatisation des pratiques dans les sociétés industrielles. Cherchant à « repriser » ces récits culturels — à les reprendre comme on les répare — Alexandre Roccoli croise dans Weaver les histoires d’ouvrières victimes de tarentulisme (un trouble nerveux qu’on attribuait à une piqûre d’araignée) ou de la maladie d’Alzheimer, deux formes de mémoire blessée. Pour la première, la maladie devenue danse folklorique (la « tarentula ») se fige dans une représentation édulcorée, qui en altère le souvenir, quand pour la seconde, les troubles mnésiques irrémédiables qu’elle produit empêchent la transmission de tout héritage gestuel.
De son sens concret à ses évocations abstraites, il s’agit alors de prendre l’image du tissage pour un nœud polysémique par lequel tresser ces différents récits. De la métaphore du fil de la vie tissé par les Moires à celle du tissu cérébral, siège de la mémoire, du motif du métier à tisser à celui de la toile des araignées tarentules, Weaver entrelace histoires personnelles et récits collectifs, légendes du passé et témoignages d’aujourd’hui, pour sceller entre eux une communauté de destin. Porté par une nostalgie certaine, un remords éprouvé face à la dissolution de ces gestes dans l’oubli, le projet leur offre l’occasion d’une survivance, d’une réinscription dans les imaginaires collectifs.
Weaver prend la forme d’une installation multimédia (son, image, performance) modulable, réalisée in situ. Elle adopte la forme et le principe de la réitération : paroles d’ouvrières de la soie diffusées en boucle, images syncopées des gestes artisanaux et chorégraphies compulsives. La confrontation entre les répétitions du geste technique, de la pathologie et de la danse crée alors l’effet d’un redoublement réparateur, d’une remédiation des unes par les autres. Entendant cicatriser ces mémoires blessées en recouvrant ces histoires perdues, Weaver se pose enfin comme un dispositif de conservation moins documentaire qu’affecté, ouvrant la voie à une possible résilience
Du 5 décembre 2016 au 10 décembre 2016