Laboratoire international
de création artistique - Lyon
Théâtre / Danse /
Cirque / Musique
Laboratoire international
de création artistique – Lyon
Du 11 au 22 décembre 2017
Accueil-studio
Marion Aeschlimann, Bertrand Nodet, Loïc Rescaniere sont accueillis en résidence aux Subsistances pour leur projet Notre belle famille / Playlist.
Nous sommes tous les trois nés dans les années 80.
Nous avons été élevés en ville
Nous avons été bercés aux mangas sexuels et violents du Club Dorothée
Nous avons ri devant les Bronzés, le père Noël est une ordure, les visiteurs
Nous avons appris par cœur les sketches de Muriel Robin
Nous avons écouté Madonna, Kylie Minogue, Daniel Balavoine, Whitney Houston, Céline Dion, Michel Berger, U2, Depeche Mode, Starmania, Serge Gainsbourg
Nos parents ont écouté Nicole Croisille, Julien Clerc, Michel Sardou, Johnny Hallyday, Aretha Franklin, Petula Clark
Nous avons partagé leurs soirées déguisées
Nous avons fait la chenille et dansé le jerk
Nous avons vu nos parents divorcer
Nous avons suivi Beverly Hills, Melrose Place, Hartley Coeurs à vif
Nous avons vu la chute du mur de Berlin
Nous avons regardé avec nos grand-mères et nos mères Santa Barbara, Côte Ouest et la Vengeance aux deux visages
Nous avons appris la Lambada, la Macarena, et les chorégraphies de Dirty Dancing
Nous avons vu nos familles se recomposer
Nous avons vu les Twins Towers s’effondrer
Nous avons vu naître la télé-réalité et assisté à la victoire de Loana
Nous avons voté pour les présidentielles de 2002, 2007, 2012 et 2017
Nous avons suivi la première Star Academy
Nous avons arrêté de fumer dans des lieux publics
Les dessins animés du dimanche matin, les séries pour adolescents de fin d’après midi, les lectures imposées du baccalauréat, les blockbusters américains, les romans de gares, les prix Goncourt, les concerts au Zénith, les films d’auteurs, les cafés-théâtres, les émissions de télé-réalité addictives, les pièces de théâtre qui bouleversent…
Toutes nos références qu’elles soient cinématographiques, musicales, télévisuelles ou encore théâtrales ont construits notre imaginaire – personnel et commun – et certaines nous suivent encore aujourd’hui. Le Petit Larousse nous indique qu’un «groupe de référence», est un «groupe réel ou imaginaire qu’un individu choisit comme base de comparaison pour lui-même, par rapport auquel il se situe lui-même, par opposition au groupe d’appartenance.»
Nos références artistiques et culturelles sont bien souvent liées, d’abord à notre groupe d’appartenance (la famille par exemple) et ensuite -par choix -à notre groupe de référence (Les amis, les collègues, etc.) Questionner ce à quoi se réfère un groupe c’est questionner le groupe lui même dans ce qu’il accepte, ce qu’il tolère ou bien ce qu’il rejette. Lors d’un repas entre «intellectuels» on n’évoquera rarement le dernier sketch de Franck Dubosc. Et pourtant, autour de la table quelqu’un en est fan. Il ne pourra exprimer son attachement a l’humoriste qu’à condition que ces “intellectuels” se soient réappropriés le sketch hissant l’artiste au rang de référence “acceptable”sous peine de se sentir honteux. En un tour de magie le groupe d’appartenance autorise et transforme le “mauvais goût” en tendance. Si la référence culturelle rassemble, elle divise également : que veut-on partager? Qu’est-ce qu’on souhaite taire?«ma chanson honteuse c’est…», «mon film inavouable c’est…»Un individu s’est nourri d’un magma de références éclectiques, de différents registres, par le biais de médias tout aussi différents. C’est ce qui fait toute la richesse de cet individu. Mais comment cohabitent en nous ces grands écarts artistiques ? Comment cohabitent-t-ils les uns avec les autres dans l’offre culturelle et artistique d’aujourd’hui ? Bien souvent par le cloisonnement. Plutôt qu’une catégorie socioculturelle à part, le populaire – assumé ou non – est selon nous un dénominateur commun.
Avec le projet Notre Belle Famille, nous voulons questionner cette notion de «référence culturelle». Celle de masse et celle plus intime. Si une référence artistique induit un public, elle induit aussi des lieux de diffusion, ou bien des médias de diffusion (télévision, théâtre, radio…) mais elle expose aussi l’artiste à sa propre critique, son propre enfermement dans un registre. Une référence artistique c’est aussi tous les clichés qui y sont associés et qu’il est pourtant si délicieux de perpétrer… Amener ce thème au théâtre questionne forcément les références théâtrales mais bien sûr aussi nos propres métiers.
Bien que ce préambule paraisse très sociologique, nous ne voulons pas aborder ce thème par ce biais. Nous souhaitons avant tout travailler sur l’accumulation de références et chercher à les confronter les unes avec les autres, à les disséquer, les découdre, puis à les réassembler en prenant soin de bien les mélanger. Nous voulons jouer de cette diversité des inspirations et des genres qui se trouvent en chacun de nous. Serait-il possible de rendre hommage à tous ces différents univers ? Les faire exister le temps d’un spectacle sur le même pied d’égalité ?
Il s’agit aussi de s’autoriser.
S’autoriser à considérer n’importe quel texte comme une matière noble, respectable sans avoir d’apriori.
S’autoriser à être un tout, savant mélange d’un héritage familial et d’une construction personnelle, citoyen dans un monde en perpétuel mouvement, spectateur d’une société qui s’agite.
Après avoir effectué ses études au Conservatoire de Nancy, Marion Aeschlimann est recrutée à Lyon en mars 2010 par le G.E.I.Q. Théâtre compagnonnage. Durant les deux années du parcours, elle a l’occasion de se former et de travailler auprès de Nicolas Ramond , Les Trois-Huit Cie de Théâtre, Philippe Labaune , Guillaume Bailliart, Yves Charreton, Claire Rengade… Au cinéma, elle tourne dans le film du réalisateur argentin Santiago Loza Si je suis perdu c’est pas grave, et se forme à la lumière avec Maryse Gauthier. Elle se forme aussi auprès du collectif GOB SQUAD à l’Universitat der Kunst de Berlin. Depuis sa sortie, elle a mis en scène des spectacles avec la compagnie DIMANCHEMIDI qu’elle fonde en 2012 : Paupières ainsi que un Lac I et II.
Actuellement basée entre Lyon et Berlin, elle collabore avec Loup Gangloff batteur de Deux boules vanille , dans des formes performatives appelées «faux-queen». En 2017, elle travaille en tant que comédienne sous la direction, entre autres, de Guillaume Baillart (Groupe Fantômas) dans Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, et d’Etienne Gaudillère (Cie Y) dans Pale blue dot. En 2018, elle sera aussi dirigée par Sebastien Valignat ( Compagnie Cassandre) dans sa nouvelle création , et sera en résidence aux Subsistances auprès de Bertrand Nodet et Loïc Rescaniere avec le projet Notre belle famille.
Après un BTS de Design d’Espace à l’ENSAAMA (Paris 15), Bertrand Nodet s’oriente vers la scénographie : plus que l’architecture ou l’urbanisme, elle l’attire pour son aspect poétique et son vaste champ des possibles. Il intègre alors l’ENSATT à Lyon. Différents projets développés au sein de sa promotion, comme notamment la performance in situ All-Specific ou bien la pièce Electronic City de Falk Richter lui permettent de développer une scénographie en prise directe avec son lieu de représentation. Intrigué par un théâtre sans parole mais bavard sur le lieu qui l’accueille, Bertrand rédige son mémoire de fin d’études sur ce même thème : L’enjeu du corps et de la scénographie dans la performance In-situ. Il a notamment l’opportunité de travailler avec Dominique Pitoiset, Alain Françon, Guillaume Vincent, Daniel Larrieu, Anne Théron,Claire Lasne Darcueilou encore avec la scénographe Stéphanie Mathieu. Ses projets le mènent à l’Opéra Comique de Paris, l’Opéra de Lyon, au théâtre de Sartrouville, à Bonlieu Scène Nationale d’Annecy, au Théâtre de Liège… mais aussi hors les murs où il performe afin de révéler la théâtralité de nos lieux quotidiens. Bertrand poursuit son investissement dans différentes jeunes compagnies lyonnaises ( Le Collectif bim, la cie Premières Fontes, Le foule complexe )mais aussi des compagnies belges (Cie Butterfly et Cie Renards.
Formé à L’Acteur enjeux avec Françoise Lervy, Pierre Kuentz, Philippe Zarch, Loïc Rescaniere travaille avec Michel Beatrix et Patrice Kahlhoven (Polyeucte et Haute surveillance). Ensuite c’est vers la comédie qu’il se tourne avec Des soucis et des potes de Vincent Faraggi mis en scène par Patricia Thevenet. Il intègre ensuite l’IRFAT et se spécialise dans l’accompagnement thérapeutique des adolescents violents et/ou aux troubles du comportement. Ce parcours lui permet de collaborer à l’écriture de plusieurs pièces de théâtre pour les mineurs du centre pénitentiaire de Meyzieu et d’animer des ateliers d’improvisation autour de la citoyenneté avec ces mêmes adolescents ainsi que dans des établissements scolaires de la région Rhône Alpes. Il joue avec la compagnie Ampoule Théâtre et Nicolas Zlatoff sur L’étranger et Les Noces de Sisyphe, avec le collectif Les Particules et Raphaël Gouisset et Marie Rouge sur YMOLEG, Le Cabaret des Solitudes et (im)Postures. Depuis 2004 il fait partie de l’association Transmission au sein de laquelle il est comédien et assistant à la mise en scène. En 2011, il intègre la compagnie Le Fil. Il y est comédien, auteur et metteur en scène (Déclaration d’amour du quotidien, La Fête, GONZESSE). Plus récemment il a travaillé avec Etienne Gaudillère sur Pale Blue Dot (actuellement en tournée) et sur Taïga, création en cours, avec la compagnie Cassandre dans une mise en scène de Sébastien Valignat.
Du 11 décembre 2017 au 22 décembre 2017