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Angela Laurier
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Interview sonore,
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Gens de paroles
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Interview
Parcours, distribution, mentions
Dates, durée, tarifs, résidence, RDV publics, liens
A partir de 15 ans |
Du 18 au 24 janvier 2008
“(…) Du féroce à la grâce, de l’intime à l’exorcisme, de la performance à la délivrance, son chemin allait de l’un vers l’autre, tordant l’espace autant que son corps, comme s’il fallait user, répéter, user encore, répéter toujours avant que ne surgisse par-dessus le poids des choses la minuscule part de l’être. Angela Laurier dit qu’un jour prochain son destin de contorsionniste tombera comme une vieille nippe et qu’alors elle parlera vraiment, pour de bon, sans craindre le spectacle de la folie. Elle sera devenue tout à fait libre.” Daniel Conrod, Télérama, Janvier 07 (à propos de "Filmer", première étape de travail).
Voir le flyer "Ménard / Laurier" (pdf / 200 ko)
Voir le dossier de presse "Ménard / Laurier" (pdf / 790 ko)
Voir la feuille de salle (pdf / 46 ko)
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Où en êtes-vous depuis janvier 2007 et la présentation d’une première forme aux Subsistances ? Comment imaginez-vous continuer votre travail pour créer une forme longue ?
Pour continuer ce travail, j’essaie maintenant de rentrer un peu dans la peau des femmes de la famille, pour tenter de me retrouver moi. Pour commencer, j’ai dû passer à travers les mots du père, du frère. Maintenant, je vais passer par les mots de la mère. Je l’ai filmée dernièrement au Québec, elle parle de l’enfantement, de tout ce que je n’ai pas vécu, de ce que je rejette, moi qui n’ai pas voulu avoir d’enfant. J’ai besoin de les entendre beaucoup, tous, pour essayer de comprendre où j’ai été dans cette histoire, c’est comme si j’avais été spectatrice de tout ça. Ce spectacle c’est un moyen d’entrer. Il fallait que je reprenne un rapport avec mon père, là où j’en étais, ou je l’assassinais ou j’essayais de le comprendre. Et je voulais reprendre un autre rapport avec mon frère schizophrène.
La place aux femmes alors ?
J’ai choisi de parler dans les premières quarante minutes du rapport père-fils, du conflit, des médicaments. Les paroles de la mère vont s’ajouter, et puis d’autres images de notre voyage dans l’ouest canadien, où il a y eu des moments d’émerveillement. Après plusieurs jours sur la route à traverser le Canada d’est en ouest, nous nous sommes retrouvés sur notre lieu de naissance. Je n’y étais pas retournée depuis trente-sept ans, c’était très émouvant d’entendre parler de mon père, comment il était lorsqu’il était jeune, lui qui avait choisi d’aller faire sa vie dans les bois, d’aller défricher, creuser des puits, faire venir l’électricité sur des terres où il n’y avait rien et où des petites communautés s’entraidaient au début des années 50. Moi j’y suis restée jusqu’à 5 ans, mon frère Dominique jusqu’à 9 ans.
C’est un retour aux origines ?
J’ai réalisé que je faisais ce spectacle pour trouver ma place… sans doute parce que je n’ai pas créé ma propre famille… et puis pour trouver ma parole, parce que eux, tous, ils parlent beaucoup, beaucoup. Ils sont très bavards et moi je suis celle qui ne parle pas. Je commence à sortir de cette obsession confuse. Après ça, je crois que je vais passer à autre chose. Ça fait plus de dix ans que je veux arrêter mais j’avais besoin de donner un sens à ma contorsion. J’espère qu’après ça, j’arriverai à aller vers quelque chose de moins extrême parce que l’entraînement est toujours aussi violent même après plus de vingt-cinq ans de travail. Mais avec ce projet j’ai retrouvé du plaisir à m’entraîner et le plaisir de jouer.
Bourdieu dit qu’il a passé sa vie à vouloir “rendre justice à l’enfant qu’il a été”. Je pense souvent à cette phrase à propos de votre travail, qu’en pensez-vous ?
J’ai envie plutôt qu’on nous rende justice à tous, à tous les frères et soeurs, à toute la fratrie. On se soutenait beaucoup, mon père était très dur. Et au fond de moi je me souviens que je me disais, “même s’il est le plus fort, il ne me changera pas”. Mon père, c’était la terreur, mais il a travaillé toute sa vie pour que nous, les neuf enfants, vivions. Souvent il nous disait “faire des enfants c’est perpétuer la misère”. Et cette violence ordinaire, elle a fait notre vie. Il disait aussi que j’étais sa préférée, parce que je réussissais. A quatorze ans je gagnais ma vie, j’étais déjà artiste, je chantais. Mais j’ai toujours refusé cette place, eu honte. Et puis, après toutes ces années, j’ai besoin de comprendre ce qui nous est arrivé. En ce moment, lorsque je pense à l’enfance je pense beaucoup au suicide de ma soeur, que j’ai appris il y a peu. Elle avait coupé les ponts avec la famille depuis quinze ans, alors qu’elle avait été comme ma jumelle. Elle a un jumeau, mais nous étions les jumelles toujours dans la même chambre. Moi j’étais la dure, j’avais le pouvoir sur elle, j’étais très physique, elle était très fragile, vulnérable et très belle, toujours à la maison à aider maman, à s’occuper des petits. Moi j’étais la peste, et elle était la douce Fanchon.
Par ce spectacle vous voulez vous battre contre l’ordre qu’imposait votre père ?
Me battre non, je crois que je tiens beaucoup de lui, j’avais peur de cette violence, peur de lui ressembler alors que sans cesse on me disait : “toi, t’es papa”. La contorsion m’a évité de plonger dans la violence. Je me rappelle, j’étais gymnaste, j’avais dix-huit ans quand tout d’un coup j’ai décidé de faire de la contorsion. J’avais des dispositions mais j’ai commencé à m’entraîner seule. Après l’école, j’allais au gymnase, je pleurais, je ne comprenais pas pourquoi je faisais ça. Je me pliais, je ne savais qu’une chose : je voulais faire quelque chose que personne ne fait. J’étais folle, je m’entraînais six fois par semaine. Il pouvait venir n’importe qui dans le gymnase, je ne me levais pas pour dire bonjour, c’étaient mes moments sacrés. Plus tard mes soeurs me l’ont reproché. A travers
ce spectacle je crois que je règle le problème de ma place, mon problème de ne pas avoir d’enfant. Je vais filmer mes neveux et nièces. J’en ai invité cinq en France. Et je vais filmer les cinquante ans de mariage de mes parents. Pour le spectacle, j’aimerais une belle image de fin avec des enfants, de la vie.
Pour continuer ce travail, j’essaie maintenant de rentrer un peu dans la peau des femmes de la famille, pour tenter de me retrouver moi. Pour commencer, j’ai dû passer à travers les mots du père, du frère. Maintenant, je vais passer par les mots de la mère. Je l’ai filmée dernièrement au Québec, elle parle de l’enfantement, de tout ce que je n’ai pas vécu, de ce que je rejette, moi qui n’ai pas voulu avoir d’enfant. J’ai besoin de les entendre beaucoup, tous, pour essayer de comprendre où j’ai été dans cette histoire, c’est comme si j’avais été spectatrice de tout ça. Ce spectacle c’est un moyen d’entrer. Il fallait que je reprenne un rapport avec mon père, là où j’en étais, ou je l’assassinais ou j’essayais de le comprendre. Et je voulais reprendre un autre rapport avec mon frère schizophrène.
La place aux femmes alors ?
J’ai choisi de parler dans les premières quarante minutes du rapport père-fils, du conflit, des médicaments. Les paroles de la mère vont s’ajouter, et puis d’autres images de notre voyage dans l’ouest canadien, où il a y eu des moments d’émerveillement. Après plusieurs jours sur la route à traverser le Canada d’est en ouest, nous nous sommes retrouvés sur notre lieu de naissance. Je n’y étais pas retournée depuis trente-sept ans, c’était très émouvant d’entendre parler de mon père, comment il était lorsqu’il était jeune, lui qui avait choisi d’aller faire sa vie dans les bois, d’aller défricher, creuser des puits, faire venir l’électricité sur des terres où il n’y avait rien et où des petites communautés s’entraidaient au début des années 50. Moi j’y suis restée jusqu’à 5 ans, mon frère Dominique jusqu’à 9 ans.
C’est un retour aux origines ?
J’ai réalisé que je faisais ce spectacle pour trouver ma place… sans doute parce que je n’ai pas créé ma propre famille… et puis pour trouver ma parole, parce que eux, tous, ils parlent beaucoup, beaucoup. Ils sont très bavards et moi je suis celle qui ne parle pas. Je commence à sortir de cette obsession confuse. Après ça, je crois que je vais passer à autre chose. Ça fait plus de dix ans que je veux arrêter mais j’avais besoin de donner un sens à ma contorsion. J’espère qu’après ça, j’arriverai à aller vers quelque chose de moins extrême parce que l’entraînement est toujours aussi violent même après plus de vingt-cinq ans de travail. Mais avec ce projet j’ai retrouvé du plaisir à m’entraîner et le plaisir de jouer.
Bourdieu dit qu’il a passé sa vie à vouloir “rendre justice à l’enfant qu’il a été”. Je pense souvent à cette phrase à propos de votre travail, qu’en pensez-vous ?
J’ai envie plutôt qu’on nous rende justice à tous, à tous les frères et soeurs, à toute la fratrie. On se soutenait beaucoup, mon père était très dur. Et au fond de moi je me souviens que je me disais, “même s’il est le plus fort, il ne me changera pas”. Mon père, c’était la terreur, mais il a travaillé toute sa vie pour que nous, les neuf enfants, vivions. Souvent il nous disait “faire des enfants c’est perpétuer la misère”. Et cette violence ordinaire, elle a fait notre vie. Il disait aussi que j’étais sa préférée, parce que je réussissais. A quatorze ans je gagnais ma vie, j’étais déjà artiste, je chantais. Mais j’ai toujours refusé cette place, eu honte. Et puis, après toutes ces années, j’ai besoin de comprendre ce qui nous est arrivé. En ce moment, lorsque je pense à l’enfance je pense beaucoup au suicide de ma soeur, que j’ai appris il y a peu. Elle avait coupé les ponts avec la famille depuis quinze ans, alors qu’elle avait été comme ma jumelle. Elle a un jumeau, mais nous étions les jumelles toujours dans la même chambre. Moi j’étais la dure, j’avais le pouvoir sur elle, j’étais très physique, elle était très fragile, vulnérable et très belle, toujours à la maison à aider maman, à s’occuper des petits. Moi j’étais la peste, et elle était la douce Fanchon.
Par ce spectacle vous voulez vous battre contre l’ordre qu’imposait votre père ?
Me battre non, je crois que je tiens beaucoup de lui, j’avais peur de cette violence, peur de lui ressembler alors que sans cesse on me disait : “toi, t’es papa”. La contorsion m’a évité de plonger dans la violence. Je me rappelle, j’étais gymnaste, j’avais dix-huit ans quand tout d’un coup j’ai décidé de faire de la contorsion. J’avais des dispositions mais j’ai commencé à m’entraîner seule. Après l’école, j’allais au gymnase, je pleurais, je ne comprenais pas pourquoi je faisais ça. Je me pliais, je ne savais qu’une chose : je voulais faire quelque chose que personne ne fait. J’étais folle, je m’entraînais six fois par semaine. Il pouvait venir n’importe qui dans le gymnase, je ne me levais pas pour dire bonjour, c’étaient mes moments sacrés. Plus tard mes soeurs me l’ont reproché. A travers
ce spectacle je crois que je règle le problème de ma place, mon problème de ne pas avoir d’enfant. Je vais filmer mes neveux et nièces. J’en ai invité cinq en France. Et je vais filmer les cinquante ans de mariage de mes parents. Pour le spectacle, j’aimerais une belle image de fin avec des enfants, de la vie.
Parcours
Gymnaste de formation, Angela Laurier, québécoise, se forme à la danse classique à l'Académie supérieure des Grands Ballets Canadiens puis au Centre National des Arts du Cirque à Châlons en contorsion, acrobatie, main à main, corde aérienne et corde volante. Elle participe au Cirque du Trottoir, Cirque du Soleil, Cirque du Tonnerre, Cirque Gosh. Depuis deux ans, Angela Laurier travaille aussi comme interprète avec François Verret. Sa précédente performance “L’Ange est là, l’or y est” a reçu l’aide de la SACD dans le cadre de l’opération “Numéros Neufs” à la Villette (Paris).
Distribution & mentions
Contorsionniste : Angela Laurier. Musicien vidéaste : Manuel Pasdelou. Scénographe : Florent Pasdelou. Création robe camisole : Goury et Myriam Remoissenet. Création et régie lumière : Rémy Sabatier. Avec la participation de Dominique Laurier. Collaborateur / oeil extérieur : Julien Laurier.
Coproduction et résidence : Les Subsistances / Lyon / France. Coproductions : La Verrerie d’Alès, Pôle cirque Languedoc-Roussillon ; Court Toujours Scène-nationale de Poitiers, Centre Régional des Arts du Cirque de Basse-Normandie, Cherbourg, Le Parc de la Villette, Paris ; L’agora, scène conventionnée, Boulazac. Avec le soutien de : Espace périphérique de la Villette, Paris Fondation Beaumarchais, SACD Centre National du Théâtre.
Coproduction et résidence : Les Subsistances / Lyon / France. Coproductions : La Verrerie d’Alès, Pôle cirque Languedoc-Roussillon ; Court Toujours Scène-nationale de Poitiers, Centre Régional des Arts du Cirque de Basse-Normandie, Cherbourg, Le Parc de la Villette, Paris ; L’agora, scène conventionnée, Boulazac. Avec le soutien de : Espace périphérique de la Villette, Paris Fondation Beaumarchais, SACD Centre National du Théâtre.
Dates
Vendredi 18, samedi 19, lundi 21, mardi 22, mercredi 23, jeudi 24 janvier à 21h(Relâche le 20)
Durée / 1H10
Tarifs
10€ / 8€/ 6€PASS’ 2 SPECTACLES 16€/ 13€
PASS’ 3 SPECTACLES 21€ / 15€
Rendez-vous publics
Soupe à la Répèt' : 10 jan 08 à 19h30Babel : 22 jan 08 à l'issue de la représentation
Résidence
1ère étape au Week_End de création avril 07,du 5 au 17 nov 07, du 2 au 24 janv 08