Creation artistique - Festival Lyon
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d’un danseur
grassouillet »
Thomas Lebrun / Cie Illico
Création - Danse
représentations du 5 au 10 mars 09 à 21h (relâche le 8)
Combien y a-t-il de danseurs gros ? Avez-vous connu un ancien danseur gros ? Trouvez-vous normal qu’il y ait des danseurs gros ? Vous regardez quoi, chez un danseur ? Un danseur doit être beau de gueule, mais surtout de corps, car c’est son corps que l’on regarde. Il faut quand même qu’il nous fasse fantasmer un minimum... non ? Et on ne va pas fantasmer sur un corps ’’gras’’ puisqu’on n’aimerait pas l’avoir. Est-ce que le spectateur se pose ces questions ? Thomas Lebrun est danseur… on le dit, il se dit gros. Il est aussi virtuose et bourré d’humour. C’est pourquoi, il nous invite à sa conférence documentaire dansée acerbe, grinçante sur le danseur en surcharge pondérale. en présence de cinq intervenants délirants.
’’Faire rire ou savoir faire rire n’est pas toujours considéré comme un vrai travail, une écriture, surtout en danse. Moi je défends l’inverse.’’ Thomas Lebrun
La presse et les pros en parlent : ’’Légèrement potelé...’’ (La Croix, 2007, S.Lesort)
’’Jouant d’un physique surprenant pour un danseur...’’ (20 Minutes, 2005, P.Verrièle)
’’[...] que malgré son corps ’’enrobé’’, ses qualités ont fait de lui un danseur apprécié et reconnu.’’ (Danser, 2004, B.Bonis)
Le public aussi : ’’Vous êtes danseur ?... On dirait pas !’’ / ’’Ca doit être difficile pour vous de sauter si haut !’’ / ’’Ce costume ne vous avantage pas... en plus!’’/ ’’Vous avez une telle grâce, une telle douceur tout de même!’’
Voir la feuille de salle (pdf/60ko)
Voir le dossier de presse (pdf/396ko)
Voir le reportage vidéo l’émission "Questions en ligne" de France 3
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Comment ce projet est-il né ?
Thomas Lebrun : J’ai commencé la danse en amateur quand j’avais 7 ans, et tout le monde se foutait de moi parce que j’étais un garçon et que j’avais toujours l’air con dans les costumes. C’était rude à assumer. Dans n’importe quelle association, quand la petite grosse monte sur le plateau ça fait rire tout le monde. Quand j’ai voulu passer la ’’médaille d’or’’ au Conservatoire, j’ai été obligé de porter un justaucorps académique bleu, à l’époque, je devais faire une centaine de kilos. On m’a demandé de mettre une ceinture pour tenir mon ventre quand je courais, sauf que je ne pouvais plus bouger car la ceinture me serrait mortellement. Dès que je m’inclinais, j’étais coincé par mes bourrelets qui se bloquaient sur ma ceinture. Pour le solo de variation libre, j’avais un beau costume en soie noire, il a craqué, je me suis retrouvé la cuisse et le début des fesses à l’air pendant l’examen... mais je ne m’en étais pas rendu compte. J’ai quand même eu mon examen et j’étais très fier : je me suis dit même les gros peuvent avoir la médaille d’or ! Je militais pour mon état en quelque sorte. Encore aujourd’hui, même en tant que professionnel, les gens continuent de m’embêter avec ça. On dit que la danse contemporaine est ouverte à tous mais ce n’est pas toujours le cas, à tous niveaux.
C’est une manière de régler vos comptes, ce spectacle ?
TL : Un danseur gros fait tout de suite rire alors que je suis persuadé qu’il y aurait beaucoup plus de danseurs gros si on les laissait danser. Au Conservatoire ou à l’Ecole Supérieure, on vous répète tout le temps qu’il faut être mince pour être beau sur scène.
Mais ça peut être beau un gros danseur, non ?
TL : Bien sûr ! Mais pour cela il faut d’abord qu’on le laisse se sentir beau. Et on entend si souvent que c’est moche et qu’il ne faut pas être comme ça, que c’est difficile d’être un danseur généreux et rond.
C’est cette trajectoire-là que vous aviez envie de raconter ?
TL : C’est raconter ça bien sûr, mais pas forcément dans un style narratif. C’est plutôt mettre en jeu des situations, des petites histoires.
Des situations de danse ?
TL : Il y aura beaucoup de danse mais aussi des petits débats, des tables rondes (rires) souvent accompagnés de preuves à l’appui. Des situations qui amèneront des questionnements dont on parlera ou pas, car le plus souvent on ne parle pas de ces choses-là. Le danseur gros, c’est un tabou.
C’est l’envie de modifier le regard ou de s’amuser avec soi-même ?
TL : Les deux. Je ne pense pas que mon spectacle va modifier les regards. Questionner, gêner, peut-être. Quand j’en parle à des professionnels, souvent j’entends ’’oh moi les trucs d’humour j’aime pas trop’’ avant même que les choses soient faites. L’humour est facile, soi-disant. Faire rire ou savoir faire rire n’est pas toujours considéré comme un vrai travail, une écriture, surtout en danse. Moi je défends l’inverse.
Ressentez-vous ce spectacle comme une prise de risque par rapport à ce que vous faites d’habitude ?
TL : Je ne le vois pas comme une prise de risque. C’est un spectacle engagé, excentrique, et où la finesse n’est pas la première chose que l’on voit. Ça fait longtemps que lorsque je danse, je ne cherche plus à être beau. On m’a demandé pendant longtemps d’arriver à être séduisant, attirant mais mon corps est mon atout et mon désavantage à la fois. Avec le corps que j’ai, j’arrive quand même à faire mon métier et à l’aimer.
Et à vous faire aimer aussi… ?
TL : Oui et pour différentes choses. Une minute de danse peut générer une multitude de lectures. Pour moi c’est le risque de toute création que d’essayer d’être au plus près de ce que j’ai envie de faire et me laisser surprendre aussi, pour aller ailleurs. J’ai des idées de départ mais ensuite tout dépendra de la réaction des gens dans la salle.
L’idée de départ était celle d’une ’’conférence dansée’’. Est-ce d’actualité dans ce spectacle ?
TL : Tout à fait. Il y a un conférencier critique, dont c’est le métier, mais lui va danser aussi. Il y aura deux lieux sur le plateau : celui du débat et celui du spectacle. Il y a une mise en scène, un texte, ce n’est pas seulement chorégraphique, c’est un peu un jeu de rôles… En tout cas on sera toujours en académique, donc prêt à danser ! Ce sera très ludique, mais pas seulement. A la fois amusant et pathétique.
Pourquoi pathétique ?
TL : Parce que je le veux ! Au regard des gens, c’est une situation pathétique d’être un danseur gros et de s’amuser avec. C’est de l’intime que l’on expose et ça peut être gênant, ou vu comme du rentre-dedans. Pourtant le corps, tel qu’il est, est toujours moteur de la façon dont on danse. Que tu aies un corps enveloppé, rond ou sec, c’est ton bagage, ta matière première.
Parcours
Après des études au Conservatoire National de Région de Lille, Thomas Lebrun danse auprès de Bernard Glandier, Daniel Larrieu, Christine Jouve et Christine Bastin. Il fonde la compagnie Illico en 1998, compagnie actuellement en résidence au CDC de Roubaix – Danse à Lille. Il collabore aussi avec d’autres chorégraphes (Foofwa d’Imobilité, Cécile Loyer), chanteurs et musiciens (Seb Martel, Camille) et affine son goût pour le théâtre, notamment auprès de Sophie Perez et Jean Lacornerie.
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Distribution
Un spectacle initié par : Thomas Lebrun.
Conception, chorégraphie et mise en scène : Thomas Lebrun.
Avec au plateau : Raphaël Cottin, Angèle Micaux, Marlène Saldana, Philippe Verrièle et Thomas Lebrun.
Tournage, montage et réalisation du documentaire : Charlotte Rousseau.
Commentaires et textes : Philippe Verrièle et Thomas Lebrun.
Création lumières : Jean Marc Serre.
Création costumes : Jeanne Guellaff.
Scénographie : Thomas Lebrun.
Administration et chargé de production : Rostan Chentouf.
Production : Compagnie Illico.
Coproduction & résidence : Les Subsistances / Lyon / France, Centre de Développement Chorégraphique de Roubaix / Danse à Lille.
Apport en production et résidence : Centre Culturel Daniel Balavoine d’Arques, Micadanses (Paris) pour l’accueil studio/résidence de recherche.
Avec le soutien de : CDC / Biennale nationale de la danse du Val de Marne (Théâtre de Choisy le Roi).
La compagnie Illico est subventionnée par la DRAC Nord/Pas de Calais, et soutenue par le Conseil Régional du Nord/Pas de Calais, le Conseil Général du Nord.
La compagnie Illico/Thomas Lebrun est associée au CDC / Roubaix / Danse à Lille.
Durée : 1h15 environ
Tarifs : 12€ / 9€ / 6€
PASS’ 2 SPECTACLES 20€ / 16€
Rendez-vous publics
Stage danse contemporaine : ven 3 et sam 4 oct
Babel : lun 9 mars à l’issue de la représentation
Résidence : du 9 fév au 10 mars 09