Spectacle Lyon - Médiation culturelle
« Tuer la misère »
Alexis Forestier & Charlotte Ranson /
Les Endimanchés
& André Robillard
Création théâtre musical-art brut
représentations du 27 au 31 janvier 09 à 20h
Un monde de créatures étranges, de langues extra-terrestres, de machines de guerre faites de bois et de matériaux de récupération : c’est l’univers d’André Robillard, artiste de l’art brut révélé par Jean Dubuffet. Ce monde à part, immense, construit dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais (banlieue d’Orléans) ne pouvait qu’entrer en écho avec celui d’Alexis Forestier. Sa musique et son théâtre sont faits depuis longtemps d’obsessions douces, d’échos sensibles et de grammaires plantés sur scène. Avec Charlotte Ranson (à l’initiative de la rencontre), Alexis Forestier invite Robillard au centre du plateau et accompagne son foisonnant imaginaire. Une traversée fertile du langage en terres erratiques pour ces trois artistes hors normes.
’’Il se saisit des conflits de l’histoire pour faire oeuvre, les sublimer et puis tuer la misère : tuer la misère intime et régler quelque chose de la misère du monde.’’ Alexis Forestier
Voir une vidéo d’une répétition sur www.recmag.com
+ Installation des oeuvres d’André Robillard (fusils, dessins...)
À voir à l’issue des représentations.
+ Table ronde ’’Se rassurer avec la norme, se risquer avec la marge’’ animée par Marie-José Mondzain, mercredi 28 janvier à l’issue de la repérsentation.
Voir la feuille de salle (pdf/72ko)
Voir le dossier de presse (pdf/512ko)
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Comment est né le projet ’’Tuer la misère’’ entre André Robillard & Les Endimanchés ?
Alexis Forestier : Il est né de la rencontre insoupçonnée avec André Robillard. Charlotte Ranson m’a parlé de Robillard qu’elle avait rencontré à Fleury-les-Aubrais en banlieue d’Orléans. Je connaissais ses oeuvres de même que certains de ses enregistrements. On s’est donc rendu chez lui, en visite, à Fleury-les-Aubrais, il vit dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique où il a été placé à l’âge de neuf ans par ses parents et a passé sa vie. Dans les années soixante, on lui a proposé de travailler pour la station d’épuration de la clinique, dès lors il a commencé à dessiner ou à construire des engins de guerre et des fusées, à bâtir son oeuvre. Avec des matériaux ramassés à droite et à gauche, il a commencé à fabriquer ses premiers fusils. Aujourd’hui, il vit dans une petite maison-atelier, un trois pièces totalement saturé de ce qu’il ramasse et conserve avec soin. ’’Il ramasse tous les débris du monde’’, comme le dit Jean Oury à propos d’Auguste Forestier, pour se réengendrer, se reconstruire lui-même. Je suis arrivé au coeur de cette complicité entre Charlotte et André. J’ai été invité à y entrer et à former avec eux cette petite constellation.
Comment s’est formé votre projet commun ?
AF : La rencontre avec André a provoqué une chose assez curieuse, c’était comme si je retrouvais certains arrièremondes qui avaient constitué Les Endimanchés à leur origine : l’imaginaire lié à l’enfance, une curiosité pour les musiques traditionnelles ou folkloriques, un attrait pour la culture populaire. Aussitôt, une sympathie s’est instaurée parce qu’André est extrêmement accueillant, prêt à déployer le monde qui est le sien, formé de ressassements, de stéréotypies et débordant à la fois d’une générosité, d’une drôlerie sans égal. C’est comme si j’avais eu des dispositions particulières dans la mesure où son univers m’était familier. Il a une propension naturelle à se mettre en jeu, il est toujours en train de raconter des histoires qui contiennent ou déploient sa propre histoire. C’est en partie pour cela que nous avons appelé le spectacle ’’Tuer la misère’’, car il raconte toujours et sous différentes formes une existence mal engagée et cette possibilité soudainement aperçue d’accéder à la création qui lui permet de s’extraire, ’’de balayer’’ la souffrance. Elle constitue chez lui un territoire abandonné ou du moins mis à distance grâce à la création.
C’est votre travail au service de l’oeuvre de Robillard ?
AF : Nous éprouvions la nécessité de convoquer des arrièreplans qui allaient donner la mesure de ce qui peuple l’imaginaire d’André. Un imaginaire rempli de souvenirs de la guerre, sous la forme de signifiants un peu usés, de signes déposés par l’Histoire, d’éléments dont il se saisit pour élaborer ses fusils, construire ses dessins : l’aviation russe, les allemands, Hitler. Il a une mémoire de la guerre, de ce qui lui a été contemporain mais ce n’est pas une conscience politique, c’est une accumulation d’événements qui manifeste une persistance des blessures de l’Histoire. Il se saisit des conflits de l’histoire pour faire oeuvre, les sublimer et puis tuer la misère : tuer la misère intime et régler quelque chose de la misère du monde.
Comment se fera la construction entre votre univers et celui d’André Robillard ?
AF : Nous cherchons à construire une unité de langage à partir d’éléments hétérogènes. La musique y prend une place essentielle grâce à la complicité aïgue d’Antonin Rayon. C’est une sorte de va-et-vient entre une parole brute et un montage complexe dans ses articulations. Il faut que l’on puisse voir l’arrière-plan de l’Histoire sur un autre mode que celui d’André. Il y a des lieder de Eisler, les bruissements de la guerre, le murmure des chants révolutionnaires. Leur présence révèle la faculté d’André à se saisir de ces motifs pour en faire un support de jeu et d’invention. Avant même de commencer le travail, nous nous étions penchés, Charlotte et moi, sur des textes de Celan. Certains poèmes avaient une résonance très forte avec les obsessions d’André, et sa capacité de résistance, l’expérience de la Shoah ayant chez Celan altéré les paysages intimes. Ce qui est communément perceptible dans l’écriture de Celan et la vie de Robillard est cette part irréductible du vivant, dès lors que s’est joué un combat pour tenir par-delà les secousses de l’histoire. Le combat d’André se situe à cet endroit où il n’a cessé de ’’contre-attaquer pour détruire la misère’’ et d’élargir son territoire de par les ramifications liées à son oeuvre : aller vers le monde, faire venir le monde à lui, imaginer au-delà du monde palpable.
Parcours
Alexis Forestier, metteur en scène et musicien, et sa compagnie Les Endimanchés, mènent depuis plusieurs années une recherche théâtrale autour de la relation texte / musique. A partir de textes de Gertrude Stein, Franz Kafka, Henri Michaux, René Char..., ils explorent des territoires qui les conduisent vers des formes scèniques proches du concert et de la performance. En 2005, ils créent
aux Subsistances ’’Sunday Clothes’’, présentent ’’Elisavieta Bam’’ (de Danii Harms) et reprennent ’’Claire’’ de René Char au Festival
d’Avignon 2007.
Depuis 1999, Charlotte Ranson met en scène ses propres textes au sein du Théâtre de la valse. Courant 2006, elle rencontre André Robillard à l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais (banlieue d’Orléans). Entre eux se bâtit une grande amitié. En 2007, elle présente André Robillard à Alexis Forestier.
André Robillard appartient à la ’’constellation de l’art brut’’, dont les oeuvres ont très tôt intégré les collections rassemblées par Jean Dubuffet. Elles sont exposées à Lausanne au Musée de l’Art Brut, mais également présentes dans les collections de l’Aracine et de l’abcd. Outre ses fusils faits de matériaux de récupération, ses collections d’objets divers et insolites constituent un espace imaginaire en équilibre instable... Musicien autodidacte, il pratique l’accordéon et s’accompagne d’un chant à la fois guttural et curieusement mélodieux.
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Distribution
Avec : Alexis Forestier, Emma Juliard, Charlotte Ranson, Antonin Rayon, André Robillard.
Conception : Alexis Forestier, Charlotte Ranson, en collaboration avec André Robillard.
Lumière : Emma Juliard.
Musiques originales : Alexis Forestier.
Dispositif sonore et musical : Antonin Rayon.
Régie Plateau : Laure Couturier.
Coproduction : Compagnie Les Endimanchés, ARCADI (Action Régionale pour la Création Artistique et la Diffusion en Ile de France).
Coproduction & résidence : Les Subsistances / Lyon / France.
Avec le soutien de : La Fonderie au Mans.
La compagnie Les Endimanchés est conventionnée par la DRAC Ilede- France - ministère de la Culture et de la Communication.
Durée : 1h30 environ
Tarifs : 12€ / 9€ / 6€
PASS’ 2 SPECTACLES 20€ / 16€
Rendez-vous publics
Visite (ré)créative : sam 10 jan 09 à 16h
Soupe à la répèt’ : lun 19 jan 09 à 19h30
Babel : mer 28 jan à l’issue de la représentation
Table ronde ’’Se rassurer avec la norme, se risquer avec la marge’’ animée par Marie-José Mondzain
Directeur de recherche au CNRS, membre du groupe de sociologie politique et morale de l’EHESS Paris, Marie-José Mondzain développe une réflexion sur les différents régimes de l’image en fonction du contexte historique, politique et social . Concernant l’époque actuelle, après avoir travaillé sur la violence des images, elle s’attache aujourd’hui à la question de leur pouvoir et de leur autorité dans le cadre de la mondialisation. Membre de l’Association « L’Exception » (groupe de recherche sur le cinéma) et le l’Association « Sans Cible » (groupe de recherche sur le théâtre). Elle a fondé le OBI (observatoire des images contemporaines) qui se réunit aux Ateliers Varan.
parmi ses publications récentes : ’’Homo Spectator’’ (Bayard, 2008), ’’Qu’est-ce que tu vois ?’’ (Gallimard, 2007), ’’L’arche et l’arc-en-ciel : Michel-Ange – La voûte de la Chapelle Sixtine’’ (Le passage, 2006), ’’Le commerce des regards’’ (Seuil, 2003), ’’Voir ensemble, collectif’’ (Gallimard, 2003), ’’L’image peut-elle tuer ?’’ (Bayard, 2002)
Mentions : Fondation de France. Avec la complicité de la Villa Gillet
Résidence
du 5 au 31 jan 09
A visiter
La ferme du Vinatier : www.ch-le-vinatier.fr/ferme/