« Plus qu’il n’en faut »
Doris Uhlich
Création - Dansereprésentations du 5 au 10 mars 09 (relâche le 8) à 19h30
Son corps, non-conforme aux canons de la danse, la jeune chorégraphe Doris Uhlich en a fait la matière centrale de sa danse. Non pour théoriser, contester ou amuser : elle transmet avec vivacité son expérience d’un corps dansant autrement. Ses chorégraphies interrogent de manière singulière les notions d’équilibre ou de beauté. Elle déplace les habituels centres de gravité de la danse contemporaine.
’’La beauté en danse n’a rien à voir avec un corps parfait qui bouge parfaitement.’’ Doris Uhlich
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Propos
"Cette performance sera un aperçu à la fois de ce que mon travail a été et de ce qu’il va être : "Plus qu’il n’en faut" est un téléscopage de réflexions sur le terme "non-conforme" et sur le moment présent sur scène. Dès mes débuts, j’ai travaillé avec des personnes que l’on n’a pas l’habitude de voir sur scène.
Les interprètes (des personnes âgées, non-professionnelles), le dramaturge et moi-même tenterons de produire une sorte de transparence qui permet au public de se plonger de différentes façons possibles dans la question de la "non-conformité". Ce sera l’occasion pour moi de présenter au public mes travaux précédents ainsi que ma prochaine production "Glanz".
Il y a 2 ans, je déambulais dans Vienne à la recherche de personnes âgées désireuses de travailler avec moi. C’est ainsi que j’ai rencontré Elfie Sus et Werner Vockenhuber, qui seront avec moi à Lyon. Ils ont participé à mon premier projet intitulé "insert.eins/eskapade". Ce projet se passait dans un vieux cinéma de Vienne, le "Bellaria" - je faisais des recherches sur les gestes du toucher dans les films produits dans les années 30 et 40 en Autriche et en Allemagne. De là est née une performance que j’ai chorégraphiée pour le Tanzquartier, et dans laquelle j’ai également dansée. Le thème - les gestes du toucher – ainsi que mes questionnements à propos de la fragilité sur scène m’ont amenée à danser nue. Après ma performance, la presse a écrit : "Doris Uhlich est convaincante… […] Elle confronte des personnes âgées à sa nudité corpulente". Je n’ai pas compris pourquoi il était nécessaire d’écrire "confronte" et "corpulente". Dans certains de mes projets, la masse de mon corps est un élément central, mais dans celui-ci je n’ai pas compris la description.
A Lyon, le spectacle est constitué en partie de la performance de Vienne. J’appellerai à Paris le jeune réalisateur Thomas Salvador (que j’avais appelé dans la pièce sur laquelle la critique a été écrite) et à Vienne des personnes qui ont vu la pièce au Tanzquartier. Au téléphone, nous parlerons de la non-conformité des corps, du vague de ces termes, du fait que mon corps fait partie de mon activité professionnelle, de la critique du journaliste viennois et de sa nécessité d’insister sur ma corpulence dans sa critique. L’intérêt vient du fait que nous aurons cette discussion téléphonique en direct sur scène. Le public pourra les entendre.
La seconde moitié sera un duo d’Elfie Sus et Werner Vockenhuber - Werner Vockenhuber sera Rudolf Noureev, Elfie Sus sera Hildegard Knef – ils incarneront leurs idoles. Leurs corps traduiront un langage qui leur est étranger, pas familier. Quelle sorte de glamour peut-il se dégager de cette non-conformité ?" Doris Uhlich
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Pouvez-vous parler de votre travail de danseuse et de chorégraphe ?
Doris Uhlich : J’ai étudié la danse contemporaine au Conservatoire de Vienne (Autriche). Je travaille depuis 2002 avec la compagnie ’’Theatercombinat’’ basée à Vienne et depuis 2006, je crée mes propres projets. Je me demande souvent ce qui caractérise mon travail... Je suis intéressée par les ’’concepts de vie’’ de personnes qui ne sont ni acteurs, ni performeurs, ni danseurs mais ’’experts’’ dans un autre secteur que la danse. Je m’intéresse au mouvement et au corps comme source de communication et de confrontation avec eux. Lorsque je travaille avec ces personnes, j’entre en conversation avec elles et je rends cette rencontre lisible sur scène. Par exemple, j’ai travaillé sur les codes du ballet classique (’’Spitze’’). J’ai alors appris la danse sur pointe à 30 ans, et j’ai recherché une ballerine âgée qui a rechaussé ses chaussons pour l’occasion ainsi qu’un danseur de ballet qui a dansé un pas de deux avec moi. Une autre fois, j’ai travaillé avec un jardinier sur les thèmes des ’’jeunes plants’’ et de ’’croître’’ – je dansais ’’flashdance’’ pour lui et il me donnait son feedback, un feedback botanique sur la notion de croître mais qui pouvait faire référence aux jeunes chorégraphes.
Dans quelle mesure la non-conformité du corps concerne votre danse ?
DU : Je ne suis pas mince. Je pèse plus que la plupart des danseuses que je connais. Quand j’ai eu mon diplôme, le directeur du Conservatoire m’a dit : ’’Doris, pourquoi es-tu si grosse ? Tu es bonne mais trop grosse. J’ai toujours cru que tu voulais devenir danseuse.’’ Moi, j’ai toujours pensé : ’’Pourquoi devrais-je perdre du poids ? Je peux faire tout ce que les danseuses minces font.’’ Aujourd’hui, je suis danseuse, performeuse et chorégraphe. Je travaille souvent avec des non-professionnels, des personnes âgées ou n’étant jamais montées sur scène. J’imagine que c’est un moyen pour moi de chercher à transformer la non-conformité, inhabituelle sur scène, en ’’normalité’’. Cette ’’normalité’’ issue de la nonconformité est un état très délicat et instable sur scène. Il est intéressant de voir où va le travail lorsque la non-conformité n’est plus aussi présente.
Quel est votre projet pour Les Subsistances ?
DU : Je vais continuer à travailler sur un projet que j’ai montré une fois à Vienne début 2007. C’est le premier projet dans ma carrière où mon nom était écrit dans la presse et où j’ai eu un article. J’étais un peu surprise – je ne comprenais pas pourquoi le critique trouvait important d’insister sur le fait que mon corps était rond. Je pense que dans certains de mes projets, la masse de mon corps est un matériau et un fait qui sont fondamentaux, mais ce n’était pas le cas là. J’y travaillais avec des personnes âgées sur des gestes de ’’toucher’’ dans les films, des gestes de stars de cinéma, ou sur des films de leur jeunesse. C’est le point de départ du projet pour
Les Subsistances.
La danse a-t-elle un lien avec la beauté ? Si oui, lequel ?
DU : Il est intéressant de réfléchir à ce qui est considéré comme magnifique sur scène : la synchronicité de nombreux danseurs, l’expression d’émotion personnelle… et à quelle période ça l’est. Penser aux ’’magnifiques corps sur scène’’... le danseur professionnel est aussi un être humain privé qui est influencé par les médias. Je pense que l’idéal de ’’beauté’’à notre époque est tourné vers les corps, et donc vers les corps de la plupart des danseurs. D’un côté, la beauté est un terme subjectif ; de l’autre, elle a des critères très clairs. C’est pareil avec le terme ’’danse’’ – pour moi, la danse peut commencer quand vous marchez, quand la marche est inscrite dans une chorégraphie et marque sur scène un mouvement qui crée du temps et de l’espace. Pour d’autres personnes, la danse est autre chose. ’’La beauté en danse’’ n’a rien à voir avec un corps parfait qui bouge parfaitement. Je recherche une forme de beauté qui apparaît par concentration ou confrontation. Par exemple, j’ai travaillé une fois sur une chorégraphie au sol avec un très vieil homme. La chorégraphie était très fragile. Sa concentration pour réaliser les mouvements et la danse m’ont amenée à dire : ’’c’est magnifique’’.
Parcours
Doris Uhlich, étudie la pédagogie de la danse contemporaine au Conservatoire de Vienne (A) de 1997 à 2001, et travaille avec le "Theatercombinat" depuis 2002. Elle reçoit une bourse d’étude "Impulstanz" en 2004, puis entre en résidence en 2005 au imagetanz/dietheater de Vienne (A) pour son projet “insert.eins/eskapade”, et au Impulstanz pour “Dans in Kortrijk”. En 2008, elle est nominée "jeune chorégraphe à voir" par le journal "ballettanz". Elle a présenté “SPITZE” au Brut (Vienne) et en octobre 2008 au Week_End Ça Valse ! des Subsistances.
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Distribution
Chorégraphie : Doris Uhlich
Dramaturgie : Andrea Salzmann
Avec : Elfie Sus, Werner Vockenhuber, Doris Uhlich
Coproduction et résidence : Les Subsistances / Lyon / France.
Coproduction : Brut de Vienne (A). Avec le soutien de : Département Culturel de la Ville de Vienne (Autriche), Forum Culturel Autrichien (demande en cours).
Durée : 1h environ
Tarifs : 12€ / 9€ / 6€
PASS’ 2 SPECTACLES 20€ / 16€
Rendez-vous publics
Soupe à la répèt’ : jeu 26 fév 09 à 20h30
Babel : lun 9 mars 09 à l’issue de la représentation de Thomas Lebrun
Résidence : du 22 fév au 10 mars 09